La lettre d'Olivier N°2
Un grand bonjour à tous, particulièrement à celles et ceux que j'ai eu le plaisir de rencontrer à la Galerie du Petit Temple à Lasalle dans les Cévennes début juin pendant que foisonnait le Festival de films documentaires sur le thème « Quand aurons-nous le temps ? » et que se tissaient les chassés-croisés entre les projections et les expositions photographiques « Je prends le temps » et « Le vieil homme et son potager ».
Vous qui êtes venus trinquer dans les cafés bruxellois, flâner dans le marché d'Ambalavao, parcourir les montagnes et les rizières du pays Betsileo, vous reposer dans une chambre étoilée d'Antananarivo, jouer aux cartes à Djibouti et au loto à Cité Soleil en Haïti, vous enfoncer dans le désert de Mauritanie, vous désaltérer sur la route d'Ethiopie, voir la nature reprendre ses droits sur les machines envahies par la brousse congolaise, méditer dans les cimetières du Dieweg, d'Obock et de Bamako et cultiver des légumes dans le potager d'un vieil homme au bord du lac Okanagan en Colombie-Britannique.
Encore merci à Elisabeth Gérony pour les galeries de son très beau Petit Temple, à la Mairie de Lasalle, à Champ Contrechamp, au Grillon griot et à tous les commerçants pour la communication, et surtout aux nombreux visiteurs qui ont fait vivre les photographies :
Regardants de tous âges,
de tous pays,
musiciens, plasticiens, statisticiens, médecins, pharmaciens, écrivains, historiens
chanteurs, conteurs, agriculteurs, réalisateurs, acteurs, éditeurs, traducteurs, graveurs, cueilleurs de simples, instituteurs, ingénieurs, dessinateurs, réparateurs de machine à coudre et machine à écrire, éleveurs, sculpteurs
kynés, menuisiers, infirmiers, greffiers, romanciers
typographes, lithographes, géographes, infographes, photographes
marionnettistes, pianistes, scénaristes, économistes, urbanistes, alpinistes
maçons, preneurs du son, échansons
et tous les autres : spéléologues, agronomes, magistrats, peintres, architectes, étudiants, passants ...
Multiplication des points de vue, multiplicité des regards.
Encore merci pour vos échanges qui donnent un éclairage nouveau aux images ; certes le mystère des « 1000 excuses » écrites sur un mur de Port-au-Prince n'est toujours pas percé, mais votre imagination a enrichi l'éventail des hypothèses !
Le petit monde que vous avez rencontré sous les voûtes du Petit Temple est bien rentré au bercail à Paris :
- les Bruxellois qui brussellent (les vieux couples qui n'ont plus besoin de se parler car ils se sont peut-être tout dit ; les amies de toujours, sur leur 31, attablées au café Cirio ; la ménagère qui fait blinquer ses vitres au risque de sa vie …)
- les habitants de pays lointains qui prennent le temps d'attendre
- le vieil homme en son potager qui vit au rythme de ses légumes et des saisons...
Photo d'ALB (Whiskey cove, Okanagan lake, British Columbia, 1997)
Ramili assis sur sa brouette
Le vendeur de pièces détachées, Ramili, dont j'avais appris le décès en retournant à Ambalavao en 1998 ne quittera plus sa brouette installée devant un étalage insolite et le temps n’a plus de prise sur mon père en train de méditer sur sa brouette tout en contemplant son compost.
Dans le sud des hautes terres centrales de Madagascar, en pays Betsileo, la mère de mon ami Ramarc passe tous les après-midi sur sa véranda, les yeux fixés sur l’horizon ; je ne sais si elle attend toujours son mari, mobilisé par la France comme « tirailleur sénégalais », disparu dans le débarquement de Provence à Fréjus en 1944.
(Ambalavao, 1998)
Nirina, dans son salon de coiffure.
(Bamako 2002)
Le temps est un ami
Olivier Le Brun
lebrun.prairies@gmail.com
www.olivier-lebrun.com